Pier 7 est l’une des nombreuses jetées de la baie de San Francisco. Face à elle, une place deve- nue, à une époque, ce que l’on appelle dans le milieu du skateboard: une « skate plaza » ou « spot de skate ». Cette place a fait sa renommée à la fin des années 1990 en devenant le lieu de substitution à l’EMB pour « Embarcadero » où la police faisait la chasse aux skateurs: arrestation, confiscation de skateboard, amendes. Pier 7 a été ce lieu de migration pour la communauté du skateboard à San Francisco à cette époque. C’est là que JB Gillet, figure majeure du skateboard dans le monde et à Lyon d’où il est originaire, est allé chercher les racines du skate de rue alors qu’il était âgé de 16 ans.
Comment vivre une utopie de la ville différente de celle que l’on nous impose?
Métaphore de la roue, Pier 7 (Jetée N°7) se déploie dans un dialogue multifacétique documenté, filmé entre JB Gillet et Malika Djardi d’abord, et dans une fiction spectaculaire en partant d’une question simple: depuis quel point de vue regarde t-on? Le travail chorégraphique s’articule autour de la création de modules en binôme, à l’image du travail du skateboardeur et de son cameraman, ou en groupe. Une scénographie modulable permet de redéfinir les espaces de jeux et le rapport au spectateur.
Le projet se déploie aussi dans des Extensions avec des événements en amont et aval du format « spectacle » notamment avec les skateparks, places publiques et espaces d’expositions de la ville. Notion de danger, de liberté naturelle ou civile, de propriété: le skateboard et la danse contemporaine y réfléchissent un questionnement depuis un corps engagé dans des espaces dédiés ou non. Mais les deux pratiques, l’une urbaine et l’autre plus confinée, restent dans des communautés fermées où la parité est aussi un enjeu.
Pier 7 est une jetée réflexive et active pour se confronter à des espaces et rapports toujours à redéfinir; une métaphore de la façon dont on avance ensemble, de déplacement en déplacement, dans les spirales de nos vies mouvementées.